Amadou face à l’Actu sur Dakaractu - Un hors d’œuvre qui préfigure un bien mauvais plat de résistance !

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 28 Janvier 2024 à 00:54 modifié le Jeudi 1 Février 2024 22:39

A la fin de l’entretien accordé au site d’informations générales Dakaractu, le premier Ministre Amadou BA ( et non moins candidat de la coalition Benno Bokk Yaakar), sollicité pour dire son dernier mot, a dit au journaliste Moustapha ce qui suit : « Oui, mon dernier mot c’est de vous remercier d’abord, vous, parce que je ne sais même pas comment vous avez fait pour m’avoir et me faire parler. Car, vous l’avez plusieurs fois voulu, mais ce n’était pas possible… »
Cette façon de boucler un entretien long de près d’une heure est la preuve que l’homme veut se doter d’une parole rare, qui ne se fasse entendre qu’à des occasions d’extrême nécessité, afin de produire un effet canon sur l’opinion. Tel ne semble pas cependant avoir été le cas. Et pour cause.


Il ne serait pas aberrant d’affirmer qu’il n’y a pratiquement rien de tout à fait exceptionnel dans cet entretien.
Le premier Ministre candidat à la Présidentielle a plutôt livré une prestation quelconque, qui plus est, est truffée d’approximations volontaires, de dérobades incompréhensibles sur certains sujets vraisemblablement insidieux.
Et finalement donc, au bilan, l’on a envie de dire que ce face-à-face dont il voudrait faire une sorte d’entrée en matière de sa toute prochaine communication de Campagne, a accouché d’une souris. Pas seulement pour des raisons d’impertinence, mais aussi de manque de consistance des arguments avancés pour justifier certaines hypothèses.
Déjà, d’entrée de jeu, à la question de savoir comment, à l’occasion des différentes sorties qu’il est en train de faire à travers le pays, il vit l’inévitable conciliation entre son statut de premier Ministre et celui de candidat de la coalition Benno Bokk Yaakar, le monsieur n’a trouvé rien de mieux à dire qu’il est impossible de marcher sur un de ces pieds, étant entendu que même s’il décide de poser quelque acte en tant que premier Ministre, la casquette de candidat s’invite aussitôt dans son action.
Cet aveu est donc la preuve que monsieur Amadou BA est d’accord qu’il y a sur ses épaules une charge de trop et qu’une telle incommodité est incontestablement le fruit d’une erreur de casting ; car dès l’instant où son mentor avait besoin de lui comme candidat pour la Présidentielle, avec toute la délicatesse et la lourdeur d’une telle responsabilité, il n’aurait pas dû penser à lui pour en faire un chef de gouvernement. Le double jeu est à vrai dire d’une déroutante incompatibilité.
Sur la question de la vague de protestations et de contestations dont son choix comme candidat de la mouvance a pu faire l’objet, notamment au sein même de son parti, M. BA a fait entendre un discours de pure tempérance, arguant qu’on ne peut empêcher certains d’investir en l’espèce le terrain de la remise en question, mais qu’en vérité ceux qui contestent son choix ne sont qu’une infime minorité et que son rôle à lui est de travailler à faire de sorte que toutes les énergies vives soient cristallisées autour de l’Essentiel. Et d’ajouter qu’il s’est fait un devoir d’aller à la pêche des toutes les voix dispersées ; une autre façon pour dire qu’il a parlé et continue de parler à tous ceux que son choix a poussés à tenter une aventure individuelle hors du cercle familial de Benno Bokk Yaakar. A supposer même qu’une telle initiative soit avérée, ne serait-elle pas contre-productive, puisqu’elle donne aux intéressés la certitude qu’ils détiennent un poids politique indiscutable capable de leur permettre de faire pencher la balance du côté voulu ; et chemin faisant, déjouer bien des plans ?
L’impertinence du premier Ministre Amadou BA s’est aussi sentie à travers la réponse qu’il a apportée sur le supposé manque de soutien du chef de l’Etat relativement à son statut de candidat, candidature qu’il a lui-même actée et fait valider, Il affirme avec un incroyable aplomb qu’il a tout le soutien de son mentor et que celui-ci ne peut faire mieux que ce qu’il a déjà fait et continue de faire à son égard.
Evidemment, à l’observation, il est quasiment impossible de ne pas rester perplexe face à une telle certitude. Car, autant d’actes, de scènes, de situations publiques, tendent à prouver le contraire. C’est à se demander donc qui veut-on tromper et pourquoi.
Quid du calendrier électoral à propos duquel on soupçonne la majorité de vouloir y retoucher ? Le premier Ministre s’est voulu formel, catégorique : impossible de retoucher quoi que ce soit dans ce domaine ; les élections auront lieu à date échue et aucune des décisions prises par le Constitutionnel ne peut être modifiée, d’une manière ou d’une autre.
A vrai dire, un tel dogmatisme à ce sujet nous semble tout simplement ahurissant, au vu de la promptitude avec laquelle le Chef de l’Etat a mobilisé sa majorité parlementaire pour s’occuper dare dare d’une enquête exigée par les partisans d’un candidat certes gros et gras, mais après tout, candidat déjà recalé !
Finalement donc, c’est à se demander si réellement ce monsieur-là (Amadou BA) est suffisamment informé des véritables desseins que son camp est en train de nourrir par rapport à certaines questions de haute portée électorale. A l’écouter, on sent qu’il parle selon son intime conviction, avec cette certitude béate de ceux qui pensent qu’ils ont toutes les bonnes informations en main.
L’homme s’est aussi prononcé sur les infrastructures, sur les manquements supposés de la Gouvernance de Macky Sall, sur la nécessité ou non de s’inscrire dans la continuité une fois élu président et de ne surfer que sur de vagues déjà activées par le régime de son actuel mentor. Mais comme toujours, il a servi une lecture toute mesurée, évitant du mieux qu’il peut de placer un mot de trop qui pourrait laisser les caciques de son camp penser qu’une fois élu, il fera faire acte de déloyauté en abordant sa gouvernance comme il l’entend. Cette posture diplomatique adoptée dans le cadre d’une communication trop propre peut-elle permettre à cet homme outrageusement contesté de tirer son épingle du jeu ?
A vrai dire, tout porte à ne pas le croire.








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Mamadou Ndiaye
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